Le Charquini (5390m), et son glacier, est un sommet secondaire à côté du Huayna Potosi (6088m). L’ascension du Charquini peut donc servir de mise en jambe avant de s’attaquer au 6000 ou de bonne initiation à l’andinisme.

En démarchant les agences à La Paz pour faire le Huayna Potosi, l’une d’entre elles me propose l’option de rejoindre 2 Américains et un Anglais qui ont prévu de faire le Charquini le lendemain, puis le Huayna Potosi les 2 jours suivants (ils sont déjà au camp de base car ils se sont entraînés sur glacier la veille pour apprendre à manier crampons et piolet). La formule du Huayna Potosi avec le Charquini avant est un peu plus chère, mais je me dis que ça vaut le coup de faire un sommet supplémentaire pour mieux s’acclimater à l’altitude.

Mauvaise organisation des agences de La Paz

L’agence me prévient qu’un taxi viendra me chercher à 7h devant mon hôtel (non, ils appellent ensuite l’hôtel pour changer à 6h30) et m’emmènera ensuite au dépôt de matériel de haute montagne pour m’équiper, puis direction le camp de base à 4624m.

Le taxi se pointe à 6h50. Au dépôt, il n’y a personne, et on doit attendre que le responsable arrive après avoir été appelé. Et ensuite, le chauffeur de taxi me demande où il doit m’emmener……super communication de l’agence. Je lui dis que ce n’est pas mon problème, je ne sais pas si d’autres personnes viennent, ni où est le rendez-vous avec les autres, etc. Il appelle donc l’agence pour se renseigner et finalement m’emmène au camp de base (1h de route) où l’on arrive vers 9h.

Seulement…les autres sont déjà partis avec le guide pour l’ascension du Charquini !!! La cuisinière du camp nous apprend qu’ils sont partis tôt, vers 7h. L’organisation hasardeuse à la bolivienne, déjà expérimentée lors de l’ascension du Parinacota, commence à me gonfler.

Je suis remonté contre l’agence, mais on ne peut pas la joindre, il n’y a pas de téléphone ni de réseau. Je dis au chauffeur que je veux rentrer à La Paz, et que l’agence me rende l’argent. Le chauffeur me dit qu’on peut rentrer à La Paz si je veux, mais que l’agence ne rend jamais l’argent pour quelque raison que ce soit (météo, mal de l’altitude, etc). Je dis que là pourtant c’est la faute évidente de l’agence, il est d’accord, mais bon…

Les personnes qui vendent les tours au guichet des agences de La Paz ne sont que des vendeurs qui touchent leur commission. Non seulement ils n’ont jamais mis les pieds en montagne et ne peuvent donner beaucoup de détails sur les ascensions, mais en plus ils ne gèrent même pas la logistique et essaient juste de vendre un maximum. NE PAYEZ JAMAIS LA TOTALITE DU PRIX EN AVANCE. Ainsi, vous aurez un effet de levier si jamais il y a une faute flagrante d’organisation de l’agence.

Le chauffeur, de bonne volonté, me propose de m’emmener faire « une balade » jusqu’au pied d’un glacier car il connaît le chemin. Oui, mais non. J’ai payé pour faire le Charquini, et j’ai envie de le faire. J’insiste lourdement. Il propose alors qu’on aille à la rencontre des autres, et lorsqu’on les aura rejoints, le guide repart avec moi faire l’ascension du Charquini, pendant que les 3 autres clients redescendent avec le chauffeur. Ça me paraît bien, je choisis cette option vu que je ne suis pas sûr d’être remboursé si je retourne à La Paz.

Rejoindre le glacier du Charquini

Quelques kilomètres plats mais vertigineux, à flanc de montagne

On s’engage dans la randonnée sous une pluie fine et un brouillard assez épais. Ce qui n’est pas plus mal, car cela masque complètement le vide de quelques centaines de mètres qui s’épanche sous le chemin creusé à flanc de montagne. Parfois il y a des passages assez étroits, parfois il faut se baisser car ça se rétrécit en hauteur et ça ne passe pas avec le sac.

Globalement, avec l’énervement contre l’agence et la non conscience du vide grâce aux nuages, je parcours ces premiers kilomètres plats sans souci et rapidement.

Une montée pour atteindre le pied du glacier Charquini

ascension montagne

Le bas du glacier Charquini, à 5000m

En 45 min, nous arrivons à la bifurcation où ça commence à grimper, de 4700m à 5000m, vers la base du glacier Charquini. Pas trop raide, mais pas très plaisant non plus car pas de paysage à admirer, à cause d’un temps toujours maussade. Un peu plus d’une heure après, nous arrivons au pied du glacier, mais on ne voit personne. Où sont donc les autres…? Sans doute encore sur le glacier.

Improvisation à la bolivienne

Le chauffeur élevé au rang de guide me propose alors de commencer l’ascension en longeant le glacier sur la partie pierreuse qui est juste à côté de la langue glacière. En effet, on ne peut pas monter sur le glacier car lui n’a pas de matériel de haute montagne. Il prend un bâton, je sors le piolet de mon sac, mais garde mes baskets, et on commence à grimper. On est dans l’improvisation totale. Sous les pierres, ça glisse parfois car il y a de la glace. Le piolet m’est bien utile. Enfin, après quelques dizaines de mètres de dénivelé parcourus, on entend les autres! Le chauffeur appelle le guide, Celestino, pour qu’ils viennent nous rejoindre.

reparation cramponsDernière improvisation : au moment d’enfiler mon équipement, on se rend compte que les crampons ne sont pas bien réglés sur les bottes d’escalade de glace, et qu’une vis est bloquée. Le chauffeur et le guide s’attaquent au problème avec … une pièce de monnaie comme outil.

Andinisme sur le glacier Charquini

Une fois ce petit détail des crampons réglés, les 3 autres clients redescendent encordés vers le bas du glacier, et le chauffeur tout seul dans les rochers. Ils les accompagnera ensuite vers le refuge.

Je pars avec Celestino vers les régions célestes. Le parcours sur le glacier ne pose aucun problème. Quand la pente est faible, on avance légèrement en biais et le piolet sert de canne. Quand elle est plus forte, on fait face à la pente, on plante le piolet et les pointes de pied cramponnées dans la glace. Une bonne et facile expérience d’andinisme pour ceux qui voudraient s’initier.

montagne-bolivie

Au sommet du glacier, à 5200m d’altitude, double surprise :

  • Un village fantôme d’igloos se dévoile, dans un léger brouillard, il sert parfois de camp d’entrainement à l’armée. Et de camp de base pour de l’andinisme dans le coin.

  • On quitte les crampons et piolet car le sommet est déneigé! Le glacier évolue en fait entre des parties pierreuses.

Ascension finale pour le Charquini, sommet des andes

Lorsque nous atteignons le sommet Charquini, à 5390m, il est 12h30. Il est temps de manger un peu, car avec cette organisation pourrie, on ne pourra pas prendre notre repas de midi avant un bon bout de temps (au retour au camp de base), et mon petit-déjeuner date de 6h du matin…

Je sors donc un Snickers que je partage avec le guide.

Le temps de prendre quelques photos, toujours dans les nuages, et nous redescendons.

Descente du Charquini vers le camp de base

Dévaler un glacier à 5000m d’altitude

Une fois à nouveau sur le glacier, nous ne prenons pas le chemin tracé sur un bord lors de la montée, nous prenons en plein milieu du glacier, non encordés (on n’est plus à ça près dans les libertés avec la rigueur de la haute montagne), et nous dévalons avec plaisir cette pente douce et glissante, en plantant le piolet pour stopper la descente de temps à autre. Un vrai bonheur et relâchement d’effort momentané et bienvenu.

charquini

Au bas du glacier, pendant que nous enlevons notre équipement de haute montagne, Celestino sort une orange. C’est pour moi une évidence qu’il va partager, d’autant plus que je lui ai donné la moitié de mon Snickers là-haut…mais non. Je suis choqué, mais je n’ai pas spécialement faim, pas grave. Je veux que ce blog soit si possible sans faute d’orthographe, mais aussi sans gros mot, donc je vais m’arrêter là. 😉 Je reviendrai plus tard dans le récit du Huayna Potosi sur toutes les choses qui sont limite dans l’attitude des guides boliviens.

La partie vertigineuse…

vertigeLorsque nous arrivons au début de la partie plate et vertigineuse, le temps s’est dégagé … ce qui nous permet d’admirer les montagnes alentour … ainsi que le superbe vide sous le chemin qui ne fait pas plus de 20 cms de large par endroits…

C’est la partie que j’ai trouvée la plus difficile de la journée. Cela passe beaucoup moins bien qu’à l’aller. Je suis trop fatigué pour un numéro d’équilibriste. A un moment, il faut se baisser pour éviter d’accrocher le sac et le piolet dépassant du sac. A l’aller, j’étais passé accroupi, mais là, l’état de mes cuisses ne le permet pas. Je passe donc à genoux, mais il n’y a de la place que pour un genou et demi, avec le vide en dessous. C’est chaud. Mon coeur s’emballe bien plus pendant ces quelques kilomètres que pendant la montée au sommet Charquini.

Conclusion sur l’ascension du Charquini, sommet de Bolivie

sommet des andes

Vue sur le Huayna Potosi depuis le glacier Charquini

Nous arrivons au refuge (4624m) vers 15h. L’aller et retour prend donc entre 5 et 6h.

Si vous n’avez pas trop le vertige, je vous recommande cette ascension :

  • si vous faites le Huayna Potosi ensuite, le Charquini est une bonne acclimatation à l’altitude.
  • même si vous n’êtes pas partants pour le Huayna Potosi car vous le sentez trop difficile pour vous, mais souhaitez quand même une expérience d’andinisme, le sommet Charquini est facile et permet une bonne prise de contact avec la haute montagne, et une première expérimentation sans soucis des crampons et du piolet.

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