Si vous suivez régulièrement ce blog voyage, vous commencez un peu à me connaître et à savoir que je ne cours pas après les endroits hyper touristiques, mais recherche plutôt les expériences un peu insolites.
Ceci étant, comment transformer la visite d’un temple très fréquenté comme Borobudur, plus grand monument bouddhiste du monde, en souvenir mémorable et unique?
En se laissant enfermé dans le temple et en y passant la nuit pour pouvoir admirer le lever du soleil en seule compagnie des bouddhas de pierre…
S’organiser pour passer la nuit à Borobudur
Ce n’est pas une idée qui m’est venue sur place comme une envie de pisser. J’avais prévu de tenter cette expérience avant même d’arriver sur le site.
Respect du site de Borobudur
Cela me paraissait faisable car j’avais lu que le temple était immense, entouré d’un parc. De plus, les températures nocturnes sont clémentes sur l’île de Java.
Je voulais le faire en total respect des traditions et croyances locales (et il y en a beaucoup, par exemple, il faut parcourir le temple en forme de pyramide toujours dans le sens horaire), et donc être le plus discret possible et dormir au pied du temple Borobudur et non sur le temple même.
L’équipement pour dormir au temple Borobudur
Qu’ai-je emporté avec moi?
Pas grand chose, car il fallait que cela tienne dans un petit sac à dos pour ne pas éveiller les soupçons (éviter le « salut, je viens planter ma tente dans ton site millénaire »). Voici les quelques choses qui m’ont paru utiles :
- Un anti-moustiques puissant. Les moustiques sont en effet très agressifs dans cette partie équatoriale du monde. Oubliez la citronnelle qui tient plus d’une amulette incantatoire que d’un répulsif. J’en ai fait l’insomniaque expérience dans une auberge de jeunesse à Jakarta (je n’avais pas réservé, il n’y avait plus de place mais je connaissais bien le propriétaire qui m’a donné un matelas pour dormir dans la partie commune et fourni de la citronnelle de son pays chinois, horrible nuit). Le composé que doit contenir votre lotion anti-moustiques est le DEET. Il y a également un composé de dernière génération qui marche bien : la saltidin.
- Un sac à viande (je n’avais pas de sac de couchage, et de toute façon, c’est trop encombrant)
- Les vêtements les plus chauds que j’avais (pas grand chose, juste un polo à manches longues) au cas où la nuit serait fraiche et surtout pour atténuer un peu la dureté de la pierre qui allait me servir de matelas,
- Un imperméable
- Une serviette éponge pour servir d’oreiller
Où dormir autour du temple de Borobudur ?
Déjouer l’attention des gardes qui font la dernière ronde s’est avéré chose aisée. J’avais simplement repéré un endroit isolé et caché lors de ma visite de l’après-midi. Pour info, c’est dans la partie vers la gauche de l’entrée principale du temple, à l’opposé du volcan Gunung Merapi. Je me suis mis contre un mur et j’ai attendu.
Je n’ai pas voulu me balader autour du temple au crépuscule pour ne pas risquer d’être repéré, et je n’ai bien-sûr pas utilisé mon téléphone comme lampe torche.
Uniquement comme réveil à 4h30 du matin…
Lever de soleil au sommet du temple Borobudur, un instant magique
J’avais déjà été subjugué par la majesté du lieu dans la journée. Parcourir toutes les allées du temple à la découverte des statues et fresques incrustées dans les murs, se hisser au sommet pour admirer la forêt vallonnée alentour et le volcan Gunung Merapi… j’étais déjà dans un autre univers, celui de la zenitude ancestrale.
Mais être là, au sommet, dans la solitude du petit matin, pour sentir les premier rayons lumineux transpercer la brume et les oiseaux exotiques emplir l’espace de leurs mélodies, croyez-moi, la magie est difficile à décrire. J’en ai des frissons rien que d’y repenser. C’est le genre de moment où l’on se sent privilégié, en communion avec ce qui nous entoure. J’avais envie que cet instant se prolonge à l’infini.
Je me suis assis en tailleur à côté d’une statue de bouddha qui regardait l’horizon ondulé par le cône parfait du volcan Gunung Merapi. Nous sommes restés là, le temps était figé (j’ai dû passer plus de 4 heures!). Je pensais aux milliers d’années qui avaient défilé ici, offrant le même spectacle tous les jours. Mais aujourd’hui, c’était MON jour.
Sans le savoir encore, je méditais (voir mon article sur comment débuter la méditation en voyage), emporté par l’atmosphère apaisante et mystique du temple de Borobudur…
Poème en acrostiche
En souvenir de cet aube mémorable, voici un acrostiche dont le mot formé par les premières lettres de chaque vers est : BOROBUDUR.
Bordé par d’immenses volcans
Oniriques, légendaires, embrumés,
Rien ne pourra plus t’empêcher
d’Offrir aux peuples croyants,
Bénédiction et sérénité.
Unique, mystérieux, majestueux,
Des siècles tu as dû traverser.
D’Un rien tu aurais pu péricliter.
Reste comme tu es, symbole de paix.