L’île de Florès en Indonésie commence à être une destination en vogue, et pour sûr elle le mérite avec ses petites îles reposantes comme Kanawa, les plongées fabuleuses (raies manta, requins, etc) autour de Komodo island, l’ascension du mont Kelimutu et ses 3 lacs de couleurs différentes.
L’une des possibilités d’excursion sur l’île de Florès consiste en la visite de villages « traditionnels » manggarais et autres populations locales. Et c’est là que ça se corse…
Je vais décomposer ce billet en deux visites, l’une assez sympathique : le village de Bena (lire l’article sur la noix d’arec à Bena), et l’autre qui frise l’arnaque à touristes : Wae Rebo.
Commençons par Wae Rebo puisque vous vous demandez certainement quel est le problème, je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps.
Aspect pratique : comment accéder à Wae Rebo
Long trajet en voiture
Tout d’abord, sachez que Wae Rebo est un village très reculé, et qu’il faut donc passer la nuit sur place. Louez une voiture avec chauffeur (40€ la journée) à Labuan Bajo (la ville de l’ouest de Florès, regroupement touristique habituel pour accéder au parc de Komodo). Il faudra alors 7h de voiture : 4h sur la route principal en assez bon état, puis 3h sur une toute petite route (superbe cela dit).
Randonnée de 3h30 pour atteindre le village de Wae Rebo
Ensuite, ce n’est pas fini, la voiture s’arrête au point de départ de la randonnée d’accès au village, à travers la jungle, entre 3 et 4h suivant votre forme (ça grimpe tout du long).
Le sentier est très bien balisé, on ne peut pas se tromper. Sauf que l’on vous signifie très clairement qu’il faut prendre un guide, même si le chauffeur de votre voiture connaît le chemin.
Pour ne pas avoir de mauvaises surprises avec nos bagages laissés dans le véhicule, nous nous exécutons (10€).
La randonnée est plaisante et traverse une forêt préservée, profitez-en car c’est le meilleur moment de l’expédition pour Wae Rebo. Faites juste attention aux sangsues.
Le scandale de l’hébergement « authentique » et « écologique » à Wae Rebo en 2 points
1. le contexte : logement, nourriture
Une fois arrivé au village, il faut rendre visite au chef pour faire une « offrande » (3€). Soit.
Ensuite, l’on vous parque dans une des maisons traditionnelles manggarai (une seule grande pièce) avec 15 autres touristes. Ambiance refuge des Alpes, aucun partage avec la population villageoise.
Les « guides » (le vôtre et ceux des autres groupes) fument allègrement dans la pièce, et regardent des films sur tablettes (ben oui, ça rapporte bien le business de l’écotourisme, ils peuvent se la payer)
Vous dormez côte à côte avec les autres 20 personnes dans la pièces (guides + touristes) sur des paillasses pas plates, avec des couvertures et oreillers pas très propres.
On vous sert un repas très simple, qui ailleurs en Indonésie vous coûterait 1€ (et encore je suis gentil).
Voilà, ce sont les faits. Personnellement, ça ne me dérange pas du tout de ne pas avoir de confort, d’être au milieu de la nature, je recherche même cela en général.
Mais j’aurais aimé un échange plus poussé avec la population (comme au Burkina Faso) et/ou partager un peu de leur mode de vie (comme en Mongolie)
Et SURTOUT, je n’aime pas qu’on me prenne pour un pigeon.
2. le prix d’une nuit à Wae Rebo !
En effet, à Wae Rebo, on vous demande 16,60 € par personne pour la nuit, le repas du soir et le petit-déjeuner inclus. C’est juste hors de prix pour l’Indonésie. Je peux vous garantir qu’avec 33,20 € (budget pour 2), vous vous faites une chambre de luxe dans ce pays.
J’ai calculé une estimation de revenu pour ce village manggarai de 6 familles : admettons qu’ils aient 15 touristes par jour (la contenance de la maison à plein régime étant de 25 à peu près), ils gagnent 7500 € par mois, sans compter les « offrandes »!!! C’est juste énorme pour l’Indonésie.
Et ils sont censés vivre de manière « traditionnelle » : pas de motos, télés, etc etc.
Alors où va l’argent et à qui profite ce lucratif business sous couvert de tourisme social, responsable, écologique??
Encore une fois, je suis complètement pour ce type de tourisme en théorie, mais il ne faut quand même pas se moquer des pigeons occidentaux à la bonne conscience.
Conclusion sur la visite de Wae Rebo village
Sur la base de 2 personnes, l’expédition pour mal dormir avec d’autres touristes qui puent des pieds vous revient à 63,10€ par personne tout compris (en comptant les 2 jours de voiture et chauffeur).
Certes, vous pouvez faire des photos des villageois,… qui vous sourient. Mais personne ne peut vraiment vous expliquer leur mode de vie, ce qu’ils font au quotidien, car le guide que vous avez été obligé de prendre ne parle pas anglais…
Tous les autres touristes qui étaient présents ce jour-là sont repartis déçus. Si vous pouvez regarder un reportage sur ces villages de la population manggarai, vous en apprendrez davantage…
Et si quelques sourires niais vous suffisent pour que vous trouviez cela « merveilleux » et « authentique », c’est que vous êtes sérieusement intoxiqué au métro parisien avec tout le monde qui fait la gueule…essayez de changer de vie ! 😉
Et vous? Avez-vous fait la visite de Wae Rebo village sur Florès en Indonésie? Etes-vous d’accord avec cette mise en garde?
J’ai également fait cette excursion en septembre 2015 et je ne suis pas tout à fait du même avis. Tout d’abord je pense que vous n’avez pas eu une bonne expérience car vous avez peut-être négliger la préparation. Nous sommes passés via une agence qui nous a mis à disposition un excellent guide parlant anglais, connaissant bien les locaux et nos échanges ont été très intéressants et instructifs avec eux. On nous a clairement avertit bien à l’avance des conditions de séjour, et nous étions d’accord, aucune surprise donc à l’arrivée. Oui le confort est rudimentaire, mais largement supportable. Pour une meilleur expérience nous partons en général en dehors des hautes saisons touristiques pour éviter ce genre de désagréments… Là où je vous rejoins c’est sur le prix, incroyablement élevé et sur le devenir de ses recettes… visiblement les villageois n’en profitent pas vraiment.
Par contre si vous souhaitez avoir du contact c’est également à vous d’aller vers eux et ne pas toujours être dans l’attente… oui certains touristes sont à peine sortis de leur « maison » mais nous, nous avons passé une après-midi et soirée extraordinaire !! à jouer avec les enfants, à discuter avec les différents guides des modes de vie, avec les jeunes qui revenaient de leur semaine à l’école du village, et un moment inoubliable d’une soirée dans la maison du chef avec tous les membres du village à écouter des chants et musiques traditionnelles (soirée que nous avons organisée nous-même), racontées et ensuite traduites par un des guides. Juste pour dire c’est également à vous d’être acteur de l’expérience que vous attendez, pour ma part je recommande mais en se documentant à l’avance, en acceptant les conditions et en ne négligeant pas le choix de votre guide.
Merci Sabrina pour ton retour, très intéressant. Nous étions arrivés effectivement un peu tard, à la nuit tombée, ce qui ne nous a pas permis de profiter de l’après-midi.
Le manque de confort ne me gêne aucunement (j’ai expérimenté bien pire!). Ce qui m’a déplu, c’est la combinaison de prix élevés, d’un confort médiocre (pour ce prix) et d’un manque d’authenticité : tout est « organisé » : rencontre avec le chef du village, randonnée, parquage des touristes dans une maison spécifique, mais rien de vraiment marquant n’est organisé par ailleurs. Comme vous le dites, vous avez dû organiser vous-même la soirée de chants et musiques!!
Je ne cautionne pas et ne recommande pas. Pour moi les « organisateurs » de la visite profitent de ces villageois, et aussi de l’argent des touristes. Une vraie rencontre authentique de voyageur serait de pouvoir aller dans ces villages en indépendant (donc sans payer de surcoûts indécents), de loger chez l’habitant, et de partager un moment de vie avec eux, pour une aide financière en accord avec le niveau de vie local. Tout le reste, c’est du business touristique.
J’ai fait ce petit trip en août 2014 (après 10 jours sur Sumba que je recommande vivement pour l’authenticité de nombreux villages et pour sa culture très différente de celle de Flores que j’avais déjà visité 6 ans auparavant ) et ma femme et moi avons vécu une toute autre expérience à Wae Rebo.
Arrivés dans l’après midi trempés jusqu’aux os, nous avons eu la chance d’êtres hébergés dans une famille ( une case à côté ) et y avons été très bien accueillis. Une femme à spontanément prête des fringues sèches à ma femme qui grelotait . Nous avons pris le repas en commun avec toute la famille.
Chance extraordinaire , il y avait cette nuit là une grande fête ( la derniere avait eu lieu plus de 100 ans auparavant ) qui réunissait aussi beaucoup de locaux venus pour la circonstance avec victuailles vivantes à l’aller seulement….cérémonie des augures et lecture des entrailles de plusieurs animaux dans la soirée dans la grande case du chef du village , passage obligé à l’arrivée pour se présenter et avoir l’accord du chef pour séjourner . Cette formalité est assez fréquente et indispensable notamment à Sumba. Beaucoup de monde . Sacrifice d’un buffle dans la nuit et découpage et partage équitable pour les 6 familles du village.
J’ai pu rencontrer et aller dans d’autres cases à la rencontre des villageois. Toujours très bien reçus.
Il y a certes un côté business qui peut paraître désagréable mais qui s’estompe assez vite après avoir pu échanger .
Je compte bien y retourner et y séjourner un peu plus en espérant pouvoir à nouveau être accueillis dans la famille et non dans la case de passage qui je vous comprends fait perdre beaucoup de charme à cette expérience.
Bonjour Christian, j’ai lu votre commentaire avec intérêt. J’y étais début juillet 2014, donc à la même période plus ou moins. Je pense que vous avez eu énormément de chance avec la grande fête… Cela a dû modifier complètement l’expérience classique des touristes qui visitent Wae Rebo.
Cela dit, les habitants n’y sont pour rien, ils sont certes très gentils et prévenants (et je pense qu’ils sont très contents de recevoir cette manne financière disproportionnée des touristes).
Ce sont les personnes (une Anglaise et son équipe) qui ont organisé ce business d’éco-tourisme que je critiquerais plus volontiers.