Le volcan Chachani : un candidat idéal pour une première ascension d’un 6000.

Arequipa et ses alentours, dans le sud du Pérou, constituent une zone idéale pour l’andinisme : les volcans sont praticables toute l’année, ils ne sont pas trop dangereux, et le climat plutôt aride de la région rend leur ascension plus aisée (pas ou peu de neige pour certains ou peu de mauvais temps pour l’ascension des plus hauts).

Parmi tous ces sommets, le volcan Chachani est réputé être l’un des 6000 les plus faciles du monde. Vérification faite, c’est en effet tout à fait faisable. Voici comment se déroule l’ascension.

Chachani : volcan très proche d’Arequipa

L’accès au pied du volcan Chachani se fait en 2h30 depuis Arequipa. Il faut néanmoins prévoir un 4×4 car la dernière partie du trajet comporte des parties sableuses et rocailleuses pentues.

Le véhicule nous dépose à un peu plus de 5000m d’altitude, au milieu d’un paysage aride et rocheux. Pas de rivière, pas d’arbres ni même d’arbustes, seulement une plante étrange et endémique appelée yareta (llareta en espagnol).

Yareta : plante typique de l’altiplano

La balade se poursuit à pied, avec tout le matériel de camping (tente, matelas, sac de couchage) sur le dos. D’abord à travers une pente de cailloux rouges, puis dans un dédale de roches chaotiques. D’étranges « roches » vertes se mêlent partout à leurs homologues minérales : ce sont des yaretas, une plante typique de l’Altiplano de la Cordillère des Andes.

On en aperçoit sur la photo ci-dessous. Je vais les toucher, elles sont très dures, comme de la pierre : cette densité leur permet d’éviter trop de déperdition thermique pendant les nuits glaciales. La yareta ne s’épanouit qu’entre 3200 et 5000m d’altitude et ne peut vivre qu’en plein soleil. Elle grandit de 1,5 cms par an.

yareta

Les yaretas donnent un charme particulier à cette première journée de randonnée, posant fièrement au premier plan d’un décor minéral au dégradé de couleurs jaunes, oranges, gris et beiges.

Bivouac au pied du volcan Chachani

ascension chachaniAprès une heure et demi de légère pente ascendante, nous arrivons déjà au lieu de bivouac (5200m) où une tente commune, pour la cuisine et le repas, est déjà dressée.

Ne nous reste plus qu’à brandir nos tentes pour une nuit glaciale. L’amplitude de température est vraiment étonnante ici : au soleil, pendant la journée, le T-shirt est de mise, même à 5000m d’altitude, et la nuit, il gèle à quelques degrés sous zéro.

La rivière de sable qui descend des pentes du Chachani et que l’on aperçoit sur la photo sera demain notre itinéraire de montée.

Ascension du Chachani

Les choses un peu plus sérieuses commencent au milieu de la nuit : lever à 1h du matin, petit déjeuner léger (et surtout, mate de coca), puis départ vers 2h après avoir enfilé un équipement de haute montagne contre le froid. Par contre, pas de piolet ni crampons : le sommet n’est pas enneigé à cette période de l’année (fin décembre, juste avant la saison des pluies).

L’ascension débute par un zigzag dans du sable liquide, qui semble se dérober de plus en plus sous nos pas au fur et à mesure que l’altitude augmente. C’est en fait notre condition physique qui s’essouffle petit à petit.

L’aube pointe son nez après 3h de montée et nous offre un spectacle de privilégiés : ce n’est que pierres et sables tout autour de nous, et pourtant, c’est beau. Car les nuances de gris, rouges, oranges, jaunes changent à chaque nouvel inclinaison du soleil. Je ne pensais pas qu’un monde minéral puisse être aussi majestueux, moi qui aime la nature dans sa forme vivante et diversifiée. Voyez plutôt :

arequipa volcan

A l’approche des 6000m et de la crête sommitale, j’ai beau être habitué à l’altitude, celle-ci se fait sentir et je n’arrive pas à aller assez vite pour me réchauffer face au vent glacial.

montagne pérou

Vue sur le volcan Misti depuis le sommet du Chachani

Vers 6h30, nous arrivons au sommet, d’où nous apercevons alors toute la panoplie des volcans d’Arequipa et sa région : le Misti, parfaitement conique et tout proche (5822m), le Nevado Ampato (6288m) et son voisin le Sabancaya, enneigés et bien massifs, et plus loin le Coropuna (6425m), le plus haut volcan du Sud Pérou.

Retour rapide du sommet du Chachani vers Arequipa

La descente se fait en à peine deux heures : le sable, gênant pour la montée, est un vrai plaisir pour la descente toute en glissade.

Le camp de base est atteint à 9h. Le temps de replier les tentes et de récupérer toutes les affaires, et c’est parti pour une petite heure de marche par le même chemin qu’à l’aller. La voiture nous attend déjà à 11h au point de rendez-vous.

Conclusion sur l’ascension du volcan Chachani

Si je fais référence à mon expérience personnelle (c’est ma 3e ascension d’un 6000m), je dirais effectivement que le Chachani est beaucoup plus facile que l’ascension du Huayna Potosi (6088m) et du Parinacota (6348m) par exemple.

Globalement, iI porte bien sa réputation de 6000m parmi les plus faciles du monde.

Mais je l’ai réalisé à une période où le sommet du volcan Chachani n’est pas enneigé, donc mon retour d’expérience est à relativiser. De janvier à avril, la neige recouvre le dôme depuis 5900m d’altitude (reste donc environ 175m de dénivelé à parcourir avec les crampons).

Si vous avez à choisir entre 2 ascensions proches lors de votre séjour à Arequipa, sachez que le volcan Misti (5822m) est en fait plus éprouvant que le Chachani, bien que moins élevé. En effet, le départ de l’ascension du Misti se fait à 3450m, beaucoup plus bas.

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