Ubinas, dans la région d’Arequipa, est le volcan le plus actif du Pérou.
Les deux dernières éruptions volcaniques datent de 2006 et 2013, sous la forme d’explosions et de projections de poussières. Les villages alentours ont alors été recouverts de cendres, après avoir été évacués, sans victimes.
Heureusement, lors de mon passage, en décembre 2014, le volcan Ubinas était en phase de demi-sommeil, et il était alors possible de le gravir pour s’approcher du cratère enfumé…
Récit d’une rencontre marquante avec le monstre endormi…
Cette ascension aurait due être relativement aisée pour moi, étant donné mon acclimatation à l’altitude (3 mois passés à plus de 3000m, et 3 ascensions de volcans de plus de 6000m : Parinacota, Huayna Potosi et Chachani), mais c’était sans compter sur le réveil d’un démon gastrique moins profondément endormi…(sans vouloir faire de parallèle de mauvais goût hein)
Passage par la réserve nationale Salinas y Aguada Blanca
L’itinéraire d’approche du volcan Ubinas traverse la réserve Salinas y Aguada Blanca, dans laquelle se trouve un salar (lors de la saison sèche) qui se transforme en lagune salée lors de la saison des pluies : la Laguna de Salinas.
Fin décembre, le spectacle est encore aride : une immense étendue blanche sans vie (même pas de flamants roses, contrairement à beaucoup de lagunes dans la région) se détache sur un fond gris terne. C’est magnifiquement sobre.
Nuit inquiétante au camp de base du volcan Ubinas
Le 4×4 nous dépose directement au camp de base qui se situe à 4800m. Lors de la nuit en tente, je ne peux m’empêcher de penser au puissant monstre endormi juste à côté. Va-t-il se réveiller? La question se pose car en fait, il ronfle…!! Ce qui fait légèrement trembler la terre..!, est-ce bon signe..?
Même si les instruments de mesure modernes permettent de bien analyser le comportement des volcans les plus actifs, les moyens des sismologues péruviens ne sont quand même pas aussi importants qu’en Europe. J’ai un peu l’impression, en discutant avec le guide, que c’est davantage l’expérience et le ressenti humain qui sont utilisés dans l’évaluation du risque.
Cela ne rend en fait l’expérience que plus excitante, bien qu’inquiétante…
La nuit semble très longue (comme d’habitude en altitude), d’autant plus que mes contrariétés gastriques se déchaînent à peine quelques dizaines de minutes après le coucher. Effet collatéral, je pense, d’un manque d’hygiène dans la préparation des repas par le guide…Bref, je ne sais pas trop, mais je ne suis pas le seul à être malade. Trois sorties hasardeuses dans le froid glacial de la nuit sont nécessaires pour calmer le feu volcanique de mon estomac.
Une des pires nuits de ma vie : froid (même dans le sac de couchage), fièvre, mal de ventre et explosions gastriques dans les deux sens.
Ascension du volcan Ubinas
L’ascension dure trois heures théoriquement, à moitié dans l’obscurité, et se révèle être un vrai calvaire : je mets 4h30 sans jamais être sûr d’arriver au bout. L’état d’épuisement dû à la nuit agitée, pas de nourriture le matin (pas envie de réveiller le monstre intestinal endormi), toujours un peu de fièvre… et du sable qui glisse sous mes pas pour en rajouter un peu.
L’effort en vaut cependant la chandelle : l’arrivée au bord du cratère est impressionnante. C’est comme si on arrivait dans une usine en pleine heure de pointe : la vapeur est expulsée avec force vers le ciel dans un bruit de locomotive. Cet environnement, industriel et un peu stressant, détonne complètement par rapport à l’atmosphère calme et paisible habituelle des autres sommets!
A 5400m, nous sommes en fait au bord de l’ancien cratère, très grand, dans lequel il est possible de descendre. Plus haut (5672m), il y a le nouveau cratère, mais arriver jusque là est plus difficile techniquement (pentes beaucoup plus raides).
Je me contente du service minimum, déjà heureux d’avoir pu approcher et côtoyer le volcan Ubinas d’aussi près dans ma condition…
Si tu es de passage dans le coin d’Arequipa, l’excursion jusqu’au volcan Ubinas (à seulement 70 kms de la ville) vaut la peine. Pouvoir saluer un volcan encore à moitié actif (ou à moitié endormi, c’est comme on veut 😉 ) est rare et unique.