Pour cet article invité, Sylvain prend la plume et vous décrit une partie de son voyage au Brésil.
On peut aller au Brésil pour ses plages luxuriantes, ses métropoles qui n’arrêtent jamais de vibrer, sa jungle luxuriante ou une croisière sur le fleuve Amazone. Mais on peut aussi aller au Brésil pour découvrir sa culture, faite bien entendu de samba et de carnaval, mais aussi de rites païens venus des confins de l’Afrique noire. Alors si vous voulez découvrir autre chose que la baie de Rio et les chutes d’Iguaçu lors de votre voyage en terre auriverde, laissez-moi vous guider à travers les ruelles empreintes d’histoire de Salvador de Bahia pour une cérémonie de candomblé brésilien.
Salvador de Bahia : ville multiculturelle par excellence
Après São Paulo et Rio de Janeiro, Salvador est la troisième ville la plus peuplée du Brésil. Capitale de l’État de Bahia auquel on associe la plupart du temps son nom, celle dont le nom complet est São Salvador da Bahia de Todos os Santos (Saint Sauveur de la Baie de tous les Saints) est avant tout un gigantesque carrefour culturel, situé quelque part entre Europe, Afrique et influences amérindiennes.
Un héritage que Salvador doit à son triste passé de plaque tournante du commerce triangulaire en Amérique du sud pendant plus de trois siècles (1549-1888). Et comme souvent en cas de forte immigration (plus de 3,5 millions d’esclaves arrachés à leur terre d’origine), la culture et la religion sont à peu près tout ce qui reste pour se raccrocher à ses racines. Et s’il est un rite qui a admirablement bien survécu à ces années de persécution, dans ce qui est aujourd’hui le premier pays catholique du monde, c’est le candomblé.
Vaste terme regroupant aujourd’hui l’ensemble des cultes afro-brésiliens, il se manifeste différemment selon les ethnies, et dispose d’un vocabulaire propre particulièrement riche. On lui prête encore ces dernières années nombre de guérisons miraculeuses ou du moins de prolongements de la vie chez des personnes gravement malades. Suffisant pour en faire ce que beaucoup appellent le « vaudou brésilien ».
Le candomblé brésilien : qu’est-ce que c’est ?
De façon très pragmatique, le candomblé brésilien est donc une religion issue d’Afrique qui voue un culte aux orishas (ou orixás), des divinités qui participent au bon fonctionnement du monde. À l’instar des dieux romains et grecs durant l’Antiquité, les orishas revêtent de multiples formes et se retrouvent dans chaque élément de la vie quotidienne :
- Les éléments naturels (terre, mer, tonnerre, pluie, etc.)
- Les êtres vivants
- Les jours de la semaine
- Les couleurs
- Les outils
- Etc.
Tout adepte naît ainsi avec un orisha rattaché à lui, qu’il doit régulièrement vénérer par des offrandes en nourritures, boissons ou autres objets de valeur.
L’autre particularité du candomblé est qu’il accueille des pratiquants noirs bien sûr, mais aussi blancs, indiens ou encore Japonais. C’est une religion très ouverte, très libre aussi, et à laquelle il est très facile de s’intégrer. Je vous conseille, pour en apprendre davantage sur ses origines, ce documentaire (non sous-titré mais avec de très nombreux passages en français) particulièrement instructif.
Chants, transes et fanfares
Quoi de mieux justement pour découvrir par vous même ces rites si éloignés de notre conception occidentale de la religion, que d’y assister directement ! Dans une ambiance mystique quasi surnaturelle, rythmée par de multiples percussions, vous pourrez ainsi vous replonger plusieurs centaines d’années en arrière, à l’époque où le candomblé était une pratique interdite et sévèrement punie.
Les fidèles, vêtus des habits traditionnels blancs ou colorés, se réunissent où bon leur semble en cercle -le terreiro- pour communiquer avec les dieux. Commence alors une longue succession de danses et chants frénétiques jusqu’à atteindre pour certains un état de transe exaltée fait de convulsions incontrôlées, de cris quasi-animaux et d’yeux exorbités. Dépaysement mais surtout frissons garantis. Et si l’envie vous prend de participer, des guides spirituels spécialisés dans l’initiation de nouveaux adeptes, seront ravis de vous « convertir ».
Le candomblé est tellement indissociable de l’identité culturelle de Salvador de Bahia et sa région, que certaines compagnies touristiques, comme Terra Nossa, l’ont désormais intégré dans leurs circuits de découverte. Si possible, rendez-vous y début juillet, le 2 marquant l’anniversaire de la libération de l’État de Bahia (qui date de 1823). Vous aurez alors la chance d’assister à une journée folle faite de processions, défilés et autres fanfares à vous donner le tournis !
Une chose parmi tant d’autres à découvrir dans un pays à la richesse insoupçonnée. Autant vous dire que je vous le recommande chaudement !
Sylvain
Lors de notre séjour à Salvador de Babia, nous avons eu la chance d’assister à l’une des fêtes les plus importantes de la ville : la fête de Iemanja. Un grand moment.