Le piège des parcs nationaux en Mongolie

La Mongolie est le pays le moins densément peuplé au monde, et la majorité de ses habitants ont encore un mode de vie « nomade » (en fait ils ne déplacent leurs yourtes et leurs troupeaux que deux fois par an : un camp d’été, un camp d’hiver). C’est en partie pour cela que le pays est fascinant : des étendues sauvages à perte de vue, sans pollution visuelle, seulement quelques troupeaux par-ci par-là. La majorité de la Mongolie correspond à cette description (lire mes deux articles sur les dunes du désert de Gobi et la vallée de l’Orkhon)…sauf… dans les parcs nationaux.

Parc national en Mongolie : une réserve pour…touristes (locaux et étrangers)

Vous trouverez en effet tout un tas de constructions et d’activités humaines à l’intérieur même de la zone du parc national : bâtiments en béton pour les sanitaires et restaurants des campings (de yourtes et non de tentes), véhicules 4×4 en concentration importante, poteaux électriques, etc.

Voyager, c’est aussi découvrir les réalités du monde par un autre moyen que les médias ou les guides marketing des agences de voyage… et bloguer permet de partager cette information de terrain.

Exemple du lac Khovsgol

Prenons l’exemple du lac Khövsgöl . Si vous n’avez pas de nombreux jours devant vous pour partir explorer la partie tranquille de l’immense parc autour du lac, ce n’est pas vraiment la peine de faire le (très long) déplacement pour voir des campements de touristes parsemés de voitures au bord de l’eau (pas vraiment de baignade envisageable, l’eau est à 10°C en été). Je ne veux pas dire que c’est complètement nul, mais ce n’est pas pour cela que vous venez en Mongolie non?

Si vous voulez voir un beau et grand lac, le lac Léman depuis les vignes du Lavaux est impressionnant, beaucoup plus proche, et vous pourrez vous baigner en été!

L’illusion des parcs nationaux dans les pays en développement

En Europe (ou en Amérique du Nord), les parcs nationaux, c’est justement là où aucune construction humaine n’est autorisée, pour préserver un « sanctuaire » naturel. La seule chose que vous y trouverez sont des sentiers de randonnée, et éventuellement un ou deux refuges.

Dans la plupart des pays en développement cependant, j’ai remarqué que « parc national » signifiait : zone naturelle d’intérêt exceptionnelle, susceptible d’attirer des touristes, et donc pouvant générer des revenus. Après prise de renseignement insistante auprès des guides ou étrangers locaux vivant là, il s’avère en effet qu’aucune mesure de protection concrète n’existe contre la déforestation ou le prélèvement d’espèces en danger par exemple.

Ou alors, si elles existent, elles sont réalisées par des Organisations Non Gouvernementales type WWF, et non par les autorités officielles. Ces dernières n’en on pas les moyens…les pauvres? Alors à quoi sert la taxe d’entrée au parc?

La triste réalité est palpable à travers ces deux histoires :

• En Mongolie, dans le désert de Gobi, habite un petit ours en danger imminent d’extinction. C’est le seul ours qui vit dans un désert, mais il n’en reste plus qu’une vingtaine. Notre guide nous explique (sans être choqué le moins du monde) que certains Chinois paient les autorités locales pour pouvoir chasser l’ours… Le plus fier de ces individus sera sans doute celui qui aura pu tuer le dernier ours pour ramener sa tête empaillée dans son salon…

• En Indonésie, si une compagnie veut couper du bois exotique rare dans un parc national, elle s’adresse directement aux policiers et négocie un accord.

Conseils pour un voyage en Mongolie

Voilà, si vous planifiez un séjour en Mongolie, évitez les parcs nationaux (surtout les plus connus) et explorez n’importe quel coin, vous aurez l’impression d’être dans un parc national désert, comme ci-dessous (les photos ne sont pas prises dans un « parc »)

Quelques suggestions :

• Si vous êtes sportif, une randonnée équestre ou une expédition en kayak peuvent être de bons moyens de parcourir une (petite) partie du pays.

• Le désert de Gobi est vraiment dépaysant et pas très fréquenté.

• Partager la vie des éleveurs nomades mongoles est une expérience marquante.

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